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Carnet Bouddhiste
27 décembre 2020

Peace, Love and Happiness

Séance de la Sangha des Pommiers du 25 décembre 2020

 

Introduction à l’enseignement
par Véronique

 

Bonsoir Thay, bonsoir chère Sangha, bonsoir à vous tous qui nous rejoignez en cette soirée de Noël du 25 décembre 2020.

J’ai la grande joie de partager avec vous un enseignement de notre cher Maître Thich Nhat Hanh dont le sujet convient merveilleusement bien à cette période de Noël. C’est un enseignement publié dans la revue Mindfulness Bell de l’automne 2020, enseignement que Thay a offert au Village des Pruniers le 6 décembre 2009. Thay y fait référence à des éléments d’actualité qui sont derrière nous, mais qui nous permettent d’apercevoir certaines évolutions dans le monde depuis 2009.

Thay a intitulé son enseignement : Paix, Amour et Bonheur.

C’est exactement ce que nous souhaitons pour nous-mêmes, pour chacun d’entre nous ici rassemblés, pour nos proches, pour notre Communauté Bouddhiste, pour notre pays, pour l’Europe, pour le monde, pour l’univers. Et oui, pourquoi mettre des limites ? Plus on les partage, plus Paix, Amour et Bonheur grandissent………

Dans cet enseignement, vous verrez que ce que Thay nous dit est de nature à éclairer la morosité et l’angoisse ambiante ;  il nous parlera d’éveil collectif, il nous dit d’ailleurs que l’éveil n’est pas quelque chose de lointain  il nous rappelle aussi que nous faisons de notre mieux, il nous dit que l’amour et le bonheur sont possibles tout de suite, que le bonheur est simple …..

 

Peace, love and happiness.  

par Thich Nhat Hanh.

 Village des Pruniers 6 décembre 2009

 Texte publié dans le Mindfulness Bell de l’automne 2020

 

Traduction
par Véronique 

Chère Sangha, ce matin nous avons pratiqué la méditation assise et chantée pour envoyer notre énergie en soutien au Parlement des Religions du Monde à Melbourne en Australie et aussi pour soutenir la conférence de Copenhague sur le changement climatique. Nous sommes avec eux, à Melbourne et à Copenhague. Nous sommes avec eux, nous voulons les soutenir. Tous, nous essayons de faire naître un éveil collectif. Grâce à cet éveil collectif, nous vivrons de telle manière que tous ensemble nous serons capables de sauver la planète et de bâtir un avenir pour nos enfants et leurs enfants.

Au Village des Pruniers, nous sommes dans une retraite de trois mois. Il y a environ 250 monastiques et laïcs pratiquant ensemble pendant 90 jours. Nous pratiquons la méditation assise le matin et l’après-midi. Nous nous levons à cinq heures et nous pratiquons joyeusement ensemble comme une famille spirituelle. Nous écoutons des enseignements du Dharma, nous pratiquons la marche méditative , nous mangeons en pleine conscience, nous pratiquons la préparation des repas, le nettoyage, et toutes nos activités en pleine conscience.

Nous tenons à pratiquer de la sorte pour que chaque moment de notre journée puisse être un moment de paix, un moment nourrissant, et un moment heureux. Nous faisons de notre mieux. Avec notre pratique collective, nous avons une énergie puissante, et nous voulons l’offrir au Parlement des Religions du Monde. Nous voulons l’offrir à la conférence de Copenhague. Pratiquer pendant la retraite de trois mois est notre façon simple et modeste de contribuer à l’éveil collectif.

Nous avons besoin de nous éveiller nous-mêmes avant de pouvoir aider d’autres personnes à s’éveiller. C’est ce que nos amis du Parlement des Religions du Monde sont en train de faire. Merci d’être ici et de faire de votre mieux. Et vous à Copenhague, vous êtes venus avec beaucoup d’espoir. Nous voulons que vous sachiez que nous sommes tous derrière vous. Nous avons besoin de dirigeants qui puissent aider à sauver la planète.

En principe nous savons comment remplacer les combustibles que nous utilisons maintenant par des sources d’énergie renouvelable. Nous pouvons utiliser l’eau, l’air et le soleil pour remplacer l’essence et le charbon à 100% pour l’année 2030., si nous sommes assez forts et unis. Mais nous avons besoin de dirigeants, parce que on ne peut pas réaliser ces techniques sans transformer notre peur, notre colère et notre avidité – les trois sortes de poisons qui sont dans notre société et en chacun de nous.

Nous continuons à nous battre et à nous entretuer en Afghanistan, en Irak, et ailleurs parce que nous avons toujours beaucoup de peur, de violence et de colère en nous. Nous savons que nous devons tous encourager les technologies qui utilisent les énergies renouvelables comme l’eau et le soleil. Ces nouvelles technologies sont encore très chères et peu compétitives par rapport à l’essence et au charbon. Nous devrions subsidier les sociétés qui créent ces nouvelles sources d’énergie pour rendre leur prix plus compétitif. Nous devons taxer lourdement l’essence et le charbon pour décourager les gens d’utiliser ces combustibles.

Mais comment pouvons-nous avoir assez d’argent pour soutenir de nouvelles sources d’énergie ? Nous dépensons beaucoup d’argent pour fabriquer des armes, et les grandes puissances continuent à fabriquer des armes en grand nombre. Les industries d’armement aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en France sont des sources de revenus importantes pour ces puissances.

Pourquoi les gens des autres pays ont-ils besoin d’acheter des armes ?  Parce qu’ils ont peur. L’Iran essaie de devenir une puissance nucléaire ; la Corée du Nord veut la même chose, et le fondement de leur action est la peur. Ils veulent se protéger. Ceux parmi nous qui vendent des armes disent que nos armes sont très modernes et que si vous vous équipez de ces armes, vous êtes en sécurité. Ils veulent que nous achetions leurs armes, donc ils jouent sur notre peur. C’est pour ça que nous devons transformer notre peur et notre colère.

Les terroristes ont beaucoup de peur et de violence, mais les anti-terroristes aussi ont beaucoup de peur et de violence. C’est pourquoi une gouvernance politique ne suffit pas, il faut une gouvernance spirituelle. Et vous êtes là à Melbourne pour nous dire comment faire, comment reconnaître le poison de la violence, le poison de la colère, et le poison de la peur en nous, pour que nous puissions les transformer. Nous pouvons le faire en tant qu’individus et nos pouvons aussi le faire en tant que groupes.

L’année dernière, pendant la retraite d’hiver au Village des Pruniers, nous avions des centaines de personnes pratiquant ensemble. Nous nous asseyions ensemble, nous marchions ensemble, et nous pratiquions le regard profond pour voir s’il y avait un chemin spirituel qui pourrait nous tirer de cette situation difficile. Nous avons contemplé le thème de la spiritualité planétaire et de l’éthique planétaire. Nous voulions pratiquer le regard profond et échanger nos compréhensions sur la vision bouddhiste d’une éthique planétaire. En générant l’énergie de la fraternité, de la sororité, de l’amour, du bonheur, nous avons pu produire un texte sur les Cinq Entraînements à la Pleine Conscience. Et ça, c’est le fondement de la pratique bouddhiste de la paix et du bonheur.

Après la retraite d’hiver de trois mois, nous avons eu la retraite francophone, où nous avons pratiqué de la même manière sur une éthique et une spiritualité planétaires. Après la retraite francophone, nous avons eu la retraite de 21 jours. De nombreux enseignants du Dharma sont venus d’environ 40 pays. Nous avons aussi pratiqué ensemble le regard profond pour produire une vision pour une spiritualité planétaire. Nous avons continué pendant la retraite d’été qui a duré un mois. A la fin de la retraite d’été, nous avons pu sortir la nouvelle version des Cinq Entraînements à la Pleine Conscience.

Les Cinq Entraînements à la Pleine Conscience, pour nous bouddhistes, sont le genre de pratique spirituelle qui peut apporter le vrai bonheur : l’amour vrai qui peut protéger des vies, sauver la Terre, restaurer la communication et apporter la guérison à la planète et à chacun d’entre nous sur la Terre. Les Cinq Entraînements à la Pleine Conscience sont pour nous la vision bouddhiste pour une spiritualité planétaire. Nous sommes en train de travailler à la traduction de ce texte en langage non-bouddhiste pour que nous puissions le partager avec des amis qui pratiquent dans d’autres traditions.

Chers amis, dans la tradition bouddhiste, nous croyons que l’amour et le bonheur sont possibles tout de suite dans le moment présent. Un-e bon-ne pratiquant-e peut produire une sensation de paix et de bonheur quand il ou elle veut. Un-e bon-ne pratiquante-e peut reconnaître la souffrance et la peine en lui-même, et ensuite, les embrasser et les transformer. Un-e bon-ne pratiquant-e peut regarder profondément et reconnaître la peine et la souffrance chez une autre personne. Et, grâce à sa compassion et sa compréhension, il peut aider l’autre personne à faire de même – reconnaître sa souffrance, l’embrasser à ce moment et apprendre à produire un moment de paix et de bonheur.

Quand nous pratiquons la respiration en Pleine conscience,  nous ramenons notre esprit dans le corps, et nous devenons pleinement présents dans l’ici et le maintenant. Et quand nous sommes vraiment présents dans l’ici et le maintenant, nous pouvons aider notre corps à être en paix. Il peut y avoir des tensions et des douleurs dans notre corps, et la pratique de la respiration en pleine conscience enseignée par le Bouddha peut nous aider à apaiser ces tensions et ces douleurs.

 Si nous avons une émotion douloureuse en nous, nous ne voulons pas la supprimer. Nous voulons la reconnaître et l’embrasser, et l’énergie de la pleine conscience peut apporter un soulagement. Avec la pratique du regard profond, nous pouvons découvrir les racines de cette affliction et la transformer. Le Bouddha a dit qu’il était possible pour nous de vivre heureux dans le moment présent, même si nous avons encore de la souffrance, de la peine et des soucis. Si nous savons comment nous occuper de la peine, du chagrin, de la peur en nous, nous pouvons quand même être heureux.

 Chacun de nous est d’accord qu’il faudrait amener une dimension spirituelle dans nos vies quotidiennes. Sans cette dimension spirituelle, nous ne savons pas nous comment gérer notre bonheur et notre souffrance et aider les autres. Les enseignants spirituels ont le devoir d’être des exemples et d’aider les autres à faire comme eux.

 Le Bouddhisme parle d’éveil. Pour moi, un seul Bouddha n’est pas suffisant ; nous avons besoin de beaucoup de Bouddhas. Chacun de nous devrait devenir un Bouddha, c’est pourquoi nous utilisons le terme de « éveil collectif ».

 Éveil à quoi ? Quand nous inspirons et que nous amenons notre esprit à notre corps, quand nous sommes réellement présents -corps et esprit unifiés- il y a éveil. Nous savons que nous sommes vivants, nous sommes présents et la vie est là pour que nous vivions. C’est déjà une espèce d’éveil. Donc l’éveil n’est pas quelque chose de très lointain, mais il faut que nous ramenions notre esprit à notre corps et que nous soyions vraiment dans le moment présent.

Quand nous sommes dans le moment présent, nous reconnaissons qu’il y a beaucoup de merveilles en nous et autour de nous. Si vous savez comment entrer en contact avec toutes ces merveilles de la vie, vous êtes nourris et guéris dans l’instant. La paix et le bonheur sont possibles là tout de suite. Avec la pleine conscience nous nous rendons compte que nous avons déjà plus qu’assez de conditions pour être heureux. Nous avons plus de chance que tellement d’autres personnes. Et si nous reconnaissons les conditions de notre bonheur, nous pouvons être heureux là tout de suite. Et vous n’avez plus besoin de lutter ; vous n’avez pas besoin de courir vers l’avenir. Vous ne devez plus chercher le bonheur ailleurs parce que le bonheur est possible dans le moment présent. C’est l’enseignement du Bouddha : vivre heureux juste dans le moment présent.

 C’est une pratique qui peut aider beaucoup d’entre nous à réduire notre avidité, notre colère, notre peur, parce que si nous avons le bonheur, nous n’avons plus besoin de nous battre ou de nous faire du souci. Nous aurons plein de bonheur à partager. Grâce à l’éveil collectif, nous pouvons arrêter la destruction de notre société et de la Terre. Avec l’éveil collectif, nous pensons que nous n’avons pas besoin de plus de pouvoir pour être heureux, et que nous n’avons pas besoin non plus de plus de richesse ou de sexe. Nous sommes assez heureux et ne devons pas sacrifier notre temps à courir après ces objets du désir.

 C’est pourquoi, pour sauver notre planète, nous devons avoir une nouvelle approche du bonheur. Chacun de nous a sa propre idée du bonheur. A cause de cette idée et de cette vision, nous avons sacrifié du temps et nous avons couru avidement après des objets. Nous avons détruit notre corps et notre esprit dans une large mesure, c’est pourquoi il est crucial de développer une nouvelle vision du bonheur.

 Le Bouddha a dit que le bonheur est simple. Si vous revenez en vous dans le moment présent, vous réalisez que vous avez plus qu’assez de conditions pour être heureux ici et maintenant. Toutes les merveilles de la vie sont là en vous et autour de vous. C’est pourquoi au Village des Pruniers, nous récitons le cinquième mantra « Ce moment est déjà un moment de bonheur ». Avant la méditation assise nous récitons le mantra. Avant de partager le repas, nous partageons le mantra. Avant de marcher ensemble dans les champs ou dans le potager , nous pratiquons le mantra. Et le bonheur peut arriver instantanément. C’est si simple, c’est si facile. « Ce moment est un moment de bonheur.»

 Oui, nous avons beaucoup de chance. Nous sommes vivants et notre planète est magnifique. Nous devons vraiment être ici dans le moment présent et vivre ce moment profondément. Nous pouvons être nourris et guéris ici et maintenant. Nous devons relâcher cette avidité, cette colère et cette haine qui détruisent un grand nombre d’entre nous  et qui détruisent aussi de grandes parties du monde.

 

 

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